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LE VOYAGE À ORANGE
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découvrir ce poète qui peut-être ne viendra jamais et qui, nous donnant une œuvre réellement divine, forcerait l’admiration des hommes et des peuples.

Il faut dire que cette manière de défaut — disons plutôt parti-pris — comporte une compensa­tion : la tragédie de M. des Rieux n’est pas une œuvre du premier rang, mais elle vit, elle touche les spectateurs, elle existe ; c’est peut-être un drame autant qu’une tragédie, du moins c’est de l’action fixée en de bons vers.

Pour la satisfaction de mon œil, je noterai encore les belles attitudes de M. Fenoux, de Mme Lara, et ce hasard délicieux qui me fit découvrir que, pendant un moment, Melle Paz Ferrer, drapée en un manteau mauve, semblait un Tanagra polychrome, avec dans sa petitesse la perfection d’une statue.

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On jouait ensuite Polyeucte. Je dirai deux détails, et une anecdote.

À la scène II du deuxième acte, cependant que l’énergique Pauline (Mme Dudlay) et le beau Sévère (M. Albert Lambert fils) faisaient assaut de noble courtoisie, Melle Delvair, Stratonice