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LE VOYAGE À ORANGE
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seulement lorsqu’il s’agit de choses vraiment belles, d’ailleurs connaissant son théâtre, et n’ayant eu que le tort de disperser son activité en chroniques et articles de revue, alors que sans doute il aurait pu donner quelque morceau plus ample et plus solide.

M. Antony-Réal, un gentleman-farmer de lettres.

Mais comme dit l’Arioste : “ Ce chant est déjà trop long, seigneur, et je crains qu’il ne vous fatigue. Souffrez que je garde la fin de mon récit pour le jour suivant, il est temps que je m’arrête.”

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Le 4 août, traversant en peignoir de bain un couloir de l’hôtel, j’arrive devant le philosophe Henry Delormel, que recouvre seulement un pantalon et une chemise de soie blanche à fleurs bleues. Peu accoutumés à nous rencontrer en si simple appareil, il nous est difficile de conserver ce sérieux à quoi se reconnaissent les hommes qui pensent.

La vie que l’on mène en ce pays est d’ailleurs d’une aimable incohérence, et je me rappelle ce matin où, errant à travers Orange, l’un de nous proposa une manille comme suprême délassement.

L’instant le plus caractéristique est un peu avant midi, où les journalistes de Paris, de Mar-