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ANTÉE

M. Gabriel Boissy, premier, parce que des gens qui occupent leur temps à nous donner des plaisirs artistiques, et sans autre profit que le beau geste, se comportent en princes des lettres, — ensuite parce que leur tête me revient (raison irréfutable).

Du temps que je préparais ma première communion un jeune abbé italien me conviait souvent chez lui, et m’asseyant sur ses genoux, il m’offrait des bonbons tout en me pelotant les fesses (j’avouerai, pour rassurer mes belles lectrices, qu’ayant alors peu de littérature, cela n’était d’aucun effet sur moi). Cependant comme je m’étonnais un peu de ses manières, il me disait avec de gros yeux tendres : “ O simpatico I ” Eh bien ! Mariéton, c’est comme ça. Quand je le vois je songe à Laurent de Médicis, dit le Magnifique, une belle barbe, de grands yeux bruns et chauds, l’amour des spectacles et de l’art et de tout ce qui est agréable aux sens, un juste dédain du moralisme, un homme qui porte beau, un homme sympathique.

Boissy, lui, un passionné, le défenseur des justes causes (une municipalité de sots s’apprêtant à restaurer outrageusement le théâtre d’Orange il fit un tel hourvari que l’on dût arrêter ces néfastes entreprises), un qui croit que c’est arrivé, mais