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LE VOYAGE À ORANGE
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coloration plus délicate, plus parfaite, plus affinée : ces pierres, que le temps a couvertes d’un man­teau chatoyant, prennent des teintes plus profon­des, et leurs couleurs ondulent et se marient : les verts semblent céruléens, les pourpres tremblent comme des feuilles de pêcher sous le vent de l’automne, les jaunes s’adoucissent ; et dans la marée montante du soir, c’est comme une divine palette jetée sur l’azur infini du ciel.

Le public qui assistait à cette répétition était éminemment sympathique : auteurs, gens de théâtre, les acteurs attendant leur tour, la maman d’une toute petite comédienne, quelques pets-de-loup, un metteur en scène qui avait une tête de sacripant, des officiers du train des équipages se communiquant leurs impressions sur les plastiques diverses de nos plus aimables actrices, et des bourgeois d’Orange, et mesdames leurs épouses “ plus laides que des empouses ” a dit Tailhade, et mesdemoiselles leurs filles, bonnes pour le harem du Maharadjah de Kapurtala (lorsque c’est M. Chartran qui le peint), et les choristes qui certes ont parmi leurs aïeux le général Cambronne, et d’autres que j’oublie, mais ils m’excuseront.

Je n’omettrai pas les chorèges, MM. Mariéton et Antony Réal, et le secrétaire du théâtre,