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ANTÉE

d’étranges perplexités, n’ayant jamais pu conter le cinquantième de mes aventures, et demandant à la Providence quelques moments de répit pour, enfin, trouver le temps de dévoiler mes pensées et ma vie.

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Le 3 août, dès notre arrivée, et comme si nous ne devions pas craindre une indigestion de théâtre, quelques monomanes nous entraînèrent à la répé­tition.

Elle n’était pas entamée, mais déjà les artistes demandaient des boissons fraîches. Ce fut d’ailleurs pendant ces quatre jours un de mes étonnements de découvrir la quantité d’eau glacée que peut ingérer un corps humain. Nous semblions le tonneau d’Adélaïde, comme dit ma cuisinière.

Le théâtre, avec son hémicycle et le mur qui le termine, buvant le soleil depuis l’aurore, commence seulement à être habitable quatre heures après midi. C’est même un des moments où il est le plus beau : n’ayant pas encore cette grandeur tragique que lui donne la nuit, il ne sert pas le jeu des acteurs, il leur laisse leurs proportions humaines ; mais ce mur immense et raviné, de l’air translucide des couchants d’été reçoit une