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LE VOYAGE À ORANGE
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Troisième Tableau : LA VALLÉE DU RHONE.

Il y avait dans ce wagon plusieurs qui ne con­naissaient pas cette terre : du premier coup ils fûrent pris. Sans doute qu’ils trouvaient ici moins de choses que moi, exilé revenu au pays de ses pères, cependant comme ils étaient aimables de si bien avoir l’air de comprendre.

C’est une chose admirable que l’amitié des hommes de goût pour tous les beaux spectacles. Encore que les cerveaux à la Taine, capables de systématiser toutes les impressions qui leur vien­nent du monde extérieur soient rares, il est une différence profonde entre les barbares et les gens qui savent dire : “ Regardez cet arbre, comme il se détache sur cette pierre. ” C’est le grand par­tage du monde, et ceux qui sont aveugles ne peuvent nous comprendre.

Vivons entre civilisés.

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De mon séjour à Orange je ne dirai que la part externe, les fêtes, les représentations, — en somme peu de chose dans l’existence totale d’un garçon qui ramassa en trois jours la matière d’un roman et celle d’un livre de littérature provinciale, pro­cédé véritablement excessif, et qui me jette en