et courant dans la nuit, train-fantôme, les conducteurs pétrifiés par la foudre, nous enfonçant à l’abîme sans comprendre nous-même la stupeur des étoiles.... (Ah ! la littérature ne nous abandonne guère plus que le théâtre, et faire de l’Edgar Poë en un pareil moment était bien prétentieux — Savez-vous rien qui ne soit sot ?)
Deuxième tableau : LE PETIT VIN DE BEAUNE.
Les artistes sont privilégiés : le peuple les admire, les bourgeois les haïssent, ils ne sont jamais confondus avec le vulgaire.
Cependant c’est à peine s’ils en différent pendant quelques instants de la journée, ceux où ils produisent : si on les voit en voyage, ce sont de joyeux calicots.
Et c’est une très curieuse chose que ce désaccord entre leur vie et leur œuvre : chez les uns c’est une incapacité à conserver cet enthousiasme que Lamartine appelait “ le mal du pays des grandes âmes ” , — chez d’autres c’est le débordement d’une énergie qui ne saurait continuellement se fixer aux limites de son art, — il en est enfin qui ne veulent pas se distinguer par un rigorisme qui ne leur ferait que des ennemis. Mais combien