Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
ANTÉE

Chacun de ses grains semble sans cesse s’efforcer vers une plus sereine maturité et cette grappe tout animée du sourd travail de la nature, est l’image de nos inquiétudes qui lentement mûris­ sent vers leur idéal reflet, élan jamais découragé vers l’inaccessible et qui se manifeste avec joie.

Parmi les spectacles divers que sont les œuvres des grands peintres du temps présent, l’œuvre de cette jeune femme garde une personnelle dignité par sa qualité de vigueur saine.

Rien n’y décèle l’approche de la mort ni les présages de la décadence, et la mélancolie ne s’y révèle pas moments que comme une lassitude de l’âme, plus exquise d’être momentanée. Tout y respire et tout y vit avec exaltation, car les figures que l’artiste a tracées ne sont point d’immobiles formes qu’enveloppe l’atmosphère : il semble que chacune des formes humaines qui s’y présente soit une fatale conséquence, soit, à ce moment, nécessitée ainsi que la Vera de Villiers de l'Îsle Adam :comme il ne manquait plus que Vera elle même, il fallut bien qu’elle s’y trouvât."

Nymphe, danseuse, femme assoupie, enfants joueurs, chaque forme n’est qu’une occasion d’ex­ primer mieux les valeurs de l’atmosphère, qu’un miroir où se reflète toute la joie changeante de la