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ANTÉE

que dégagent les œuvres de la pensée : l’art ne s’impose-t-il pas à nous aussi bien que la nature par d’indicibles sensations qui nous pénètrent inopinément et relient notre pensée à l’inconscient.

Devant les compositions de Mademoiselle Dufau nait en nous une impression de bien être, l’impression que donne la joie de respirer à pleins poumons un souffle pur, l’impression que l’on éprouve lorsque le corps ayant agi jusqu’à la lassi­tude, vibre de la joie d’avoir témoigné toute sa force et défère à l’esprit la tâche de poursuivre au delà du possible la beauté vigoureuse de ses désirs.

L’on s’arrête au moment où la sensibilité songe à sangloter de tendresse.

Qui peut considérer sans douceur la jeune femme du “ Passe-Temps ” : douceur des lèvres réticentes, douceur de l’épaule inclinée, douceur du pli de la hanche et tout cela sans mièvrerie, poitrine chaste et voluptueuse comme une grappe promet­teuse d’apaisement et de puissance et qu’il faut dans cette atmosphère une singulière force de pensée pour qu’elle puisse nous divertir du seul sentiment de la douceur.

Dans chaque composition s’exalte la volupté de l’équilibre, équilibre des désirs et des formes,