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UN SOIR
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que tu longeas, comme des seins menus
dardaient mille bourgeons d’azur avides.
Tu te murmures : “ Pubère et candide
Printemps ” avec un plaisir ingénu...

sans ouïr dans le cabaret tranquille,
après le maquignon rouge et salace
dont les mains ivres inquiétaient Pulchérie,
une leçon du rebouteux loquace —

dans le cabaret hideux et vermeil,
aux verres crasseux, où rit le soleil....


UN SOIR.

Un soir, je t’appelai, ma pauvre bien-aimée,
Un ineffable soir d’été que m’emportait
Par l’Ardenne un lent train pareil à un jouet.
Du plus profond de mon amour, je t’appelai.

J’écoutais sourdre en moi mille voix attendries
Et ton cher nom tremblait aux lèvres ingénues
De ton “ enfant ” lassé que la douceur des nues
Rassérénait : baptême, onde qui purifie....