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DEUX POÈMES POUR AMY.


 
Dans la petite pluie et le brouillard d’hiver
Les colombiers de notre maison sont déserts...
Ils sont dressés à l’angle triste des toitures
Comme pour regarder par-dessus la maison,
À travers le brouillard pluvieux, l’horizon
Où sont partis les pigeons bleus à l’aventure :

Voilà l’hiver et la solitude à présent...
L’herbe folle envahit les corbeilles d’automne
Et les grands dalhias mouillés parfois frissonnent
En s’effeuillant par les pelouses quand le vent
Vient cogner sourdement aux fenêtres fermées..
 
Ne pleure pas.. Nous serons ceux qui restent tard
Au coin du feu, par les nuits longues de brouillards,
Dans la clarté de la bonne lampe allumée.
Nous entendrons le mauvais temps battre très fort,
Nous entendrons la pluie à grands coups sur les toits
Et ce sera comme au bon vieux temps d’autrefois
Quand veillaient les enfants et qu’il pleuvait dehors
Cependant qu’on leur racontait “la belle au bois”.