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ADAM
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siècle la colonne des peuples. Que je sois donc souffleté de ta gloire, ô Jeune Homme, ô mon astre fraternel. Qu’elle soit entre nous comme le baiser et comme un bien commun. Les lèvres où s’échange un baiser possèdent une même volupté. Si l’on égale tout ce que l’on comprend, et que l’on ne comprend que ce que l’on aime, la gloire réalise la catégorie de l’Égalité. Ô couronne, pareille au trésor dont des pèlerins allaient rachetant des esclaves. Je suis cet esclave, qui dans la demeure foudroyée attise le foyer. Que grâce à toi le bûcher débile ne s’éteigne pas sur ma cendre ! Ô pèlerin, voici qui vaille qu’on vive ! Ô esclave, voici qui vaille qu’on meure !

PAN.

Meurs donc, mais cependant rendons-nous à la forêt qui s’ouvre à notre Renaissance !

LE JEUNE HOMME.

Ô Maître ! L’infirmité commune, que les dieux t’ont rendue plus sensible, que ta gloire n’en soit pas seulement le rachat, mais la dissolution ! Que ta parole soit l’évangile de la dissolution ! Loin que je tente de te racheter d’un néant qui n’est pas toi-même, que je nie mille fois les mondes plutôt qu’une fois ta Lumière !