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ANTÉE

du tronc du végétal captif un éventail soudain s’éploie, criblant l’azur de vies ailées. Pan, viens avec moi. Jeune fille, je t’emmène.

LA JEUNE FILLE.

Les forêts...

ADAM.

Nous ravirons leur ombre et leur joie. Le plaisir, jusqu’à ce jour inconnu des hommes, sera par nous. Toi qui l’aurais dû cultiver, Pan, ta fierté te rendait sauvage. Il n’était qu’une voix inconstante, et comme étrangère, dans ton âme divine, et c’est pourquoi tu ne t’abandonnais à son appel qu’avec brutalité. Ainsi tu rendais plus farouches encore les sylves les plus sombres. En découvrant comme une de nos racines l’idée de culture, nous apprenons que cultiver le plaisir même, c’est rester fidèles, c’est encore devenir fidèles, à ce qu’il y a de profond et d’original en nous. Nous le cultiverons et avec lui ton empire, la nature, ô Pan ! Ses floraisons ne sont-elles pas déjà nôtres ? À nous demain ses aurores. Ô Jeunes Filles ! Tressez pour les autels des guirlandes nouvelles. C’est en vain qu’on a dit qu’il y avait avant nous des païens. Les hommes de ces siècles ont ignoré le sentiment de la nature et les sources