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ADAM
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jusqu’au plus mort, jusqu’au plus déshérité, d’entre les astres humains. J’ai su l’Amour qui fait prier pour l’ennemi et inonde l’âme du fugitif même, sous la lamentation des sources et des sphères, d’une Joie toujours prête à se donner : ô flamme qui ne se diminue point en se commu­niquant ! Et dressant de mes mains le bûcher de l’Amour où renaît l’oiseau des temps futurs, j’ai dit : Une seule chose est nécessaire.

Or j’élève aujourd’hui cette parole : Plusieurs choses sont nécessaires. Car voici la nature qui s’en vient vous saisir, de son baiser et tout ensemble de sa froide horreur. Vous ne sauriez vous refuser à son étreinte ; vous respirez son haleine et vous mendiez son accouplement. Enchantez donc cette maîtresse sauvage, et pour l’investir de vos enchantements, il vous la faut chérir et dominer. Cavernes, retentissez de mon élégie ! Forêts, de mes rugissements ! L’homme, joignant l’ange, la bête et le démon, par sa diversité, comme un jeu de nombres éclate de l’Unité, dépassera Dieu même scrutant son infini d’un regard de Cyclope. Cette diversité, vous la nom­merez Culture. La Culture est une explosion.

La prière a débordé le temple. Que votre vérité soit une symphonie. Dans la fusée voici la gerbe ;