Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
ANTÉE
ADAM.
Ô docteur des forêts ! Il y a du vrai là-dedans.

Oui la nature est triste, non par ce que l’on nous enseigna, mais par elle-même.

LA JEUNE FILLE.

Est-il vrai, ô Maître ?

ADAM.

Oui, jeune Terpsichore. Mais tu nous enseigne­ras la joie de la nature. — Écoutez, mes Frères ! Je vais parler pour la dernière fois. Ma pensée s’achève sur un monde qui s’éteint. Beaucoup de choses précieuses vont périr en même temps qu’une Justice neuve naîtra. Et après un siècle de nuit ce que l’on aura perdu sera retrouvé, et l’on aura en plus cette Justice. S’il n’est rien de nouveau sous le soleil, il y a parfois des soleils nouveaux.

Écoutez ! Je traversai jadis la forêt des nombres et je saisis dans ses halliers le front cornu des Lois : je sus les cristaux et les astres et dans la mathématique était pour moi la raison de tout.

Puis j’ai connu de plus pâles, de plus secrètes clartés. J’ai scruté le point fixe au fond des cœurs, dont le rayonnement éclaire par delà la passion