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ANTÉE

 
pareil à une chauve-souris qu’on voit d’en haut,
Et prononce dans le retentissement des consciences
la condamnation de la Nature.

PAN.

Oui ! Plût à Dieu que je fusse mort !
Et cependant j’aime encore cette nature qui
n’atteint le durable qu’à force de détruire l’éphé­mère,
Et qui n’a d’éternel que l’âpreté des rocs et la
douleur !
 

ADAM.

Plains la nature, ô docteur des forêts, mais
envelopperas-tu dans ta lamentation, toi divin
comme les hommes, notre nature d’hommes ?

PAN.

Oh ! oui, je ne la distingue point du reste.
Roseau pensant ! Je connais ça... Je t’avoue que
cela m’est égal. Le triste en moi, c’est la nature
même, et non point de vagues christianismes,
paganismes, et autres billevesées. Te souvient-il
de Rancé en agonie au pied du cercueil dévorant
de sa maîtresse ? C’est là proprement l’homme de
la nature. La chair est triste, hélas ! et omne animal
post... hum ! hum ! Et cette mort qui s’étend