Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ADAM
319


ADAM.

Et que t’a-t-elle donc fait ?

ADAMASTOR.

Je suis l’homme de la nature : je la chéris et je la bénis en moi. Je suis assuré du sol que je frappe du pied. Et mon désir, je n’ai pas besoin qu’il s’assure de moi. La conscience ! comme une cavale elle vous emporte on ne sait où, au diable vauvert. Car lorsqu’on est conscient de soi, il faut encore l’être de la conscience de soi, puis de la conscience de la conscience de soi, et ainsi de suite jusqu’à l’ennui. Vive-Dieu ! Je ne dirai pas le premier mot, pour ne pas laisser à un autre le dernier.

ADAM.

L’avant-dernier tout au plus, cher ami : ce que tu dis de ton univers mécanique peut être vrai ; je le crois pour ma part ; à coup sûr c’est par le mécanique qu’il faut expliquer le mécanique ; mais ce n’est ni là, ni dans la conscience, qu’il faut chercher ce qui importe essentiellement.

ADAMASTOR.

Où donc ?