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ANTÉE

Vois, que c’est peu de chose ; et cependant c’est en lui que j’ai mis ma force. Ma fortune est grande et ma vie est pleine de toutes les richesses désirables, et j’ai vécu pour le limon de la terre, parce que mon désir est très vaste. Et lorsque ma force et ma puissance ne suffisaient pas, j’ai tout obtenu par ce peu de sable, par la curiosité des hommes, qui sont comme des femmes devant l’étranger. Vois, que c’est peu de chose ; mais leur désir agrandit. Et il est possible, Adam, que si une fort belle femme était dans un château, refusant d’en sortir malgré l’attrait de mes prières, de mes richesses et de ma force, elle viendrait par la curiosité de connaître ce sac singulier.

ADAM

Tu dis vrai : l’âme est ainsi qu’une voûte, sa clef éternellement s’érigera malgré les chocs extérieurs, mais cède aisément aux efforts de l’ennemi qui se révèle sous l’arcade. Cette femme, si je t’en crois, porte sa curiosité en elle : tu reconnais donc que la conscience prime ton limon.

ADAMASTOR.

La conscience ! Je maudis la puanteur de cet épiphénomène !