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ADAM
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Ils les nommèrent sirènes, et l’oreille d’un passant chevauchant la panique, ou d’un solitaire poussant devant lui, dans son rêve, les nuages informes suspendus à sa barbe céleste, les dota de mélodieux prestiges. Elles revenaient selon les mêmes mirages dont nos enfants ne sont plus surpris et ils crurent qu’elles chantaient les passions humaines dans un mode divin.

Cependant, limon, de toi seul tout était sorti ; tu nourriras cette flamme qu’est la fuite des mondes, et ta cendre seule après eux se répandra ; tu étendras sur le dernier vestige du dernier homme ton ombre sans soleil et la déflagration de tes abîmes. Ô nuit sans rivage ! rumeur sans silence ! éternité sans attente !

PAN
(dressant un instant son buste derrière la colline.)

Ô graine d’une infinité de néants !

ADAMASTOR.

Mais la force du désir avait sans cesse trans­formé la matière égrenée au sablier des mondes, et ce peu de poussière, Adam, (il montre le tas de sable) dont la valeur n’est que dans ta curiosité, il l’a excitée. Ha ! Ha ! Tout fait farine à bon moulin.