Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
ANTÉE


ADAMASTOR.

Ta curiosité.

ADAM
(Il recule effaré.)

Ma curiosité ?

ADAMASTOR.

Oui.

(Il retourne le sac qui se vide d’un gros tas de sable.)

Limon humide des mers primitives ! Sans doute dans ton sein, trouble élément, naquit la première vie. Le même astre déjà qu’aujourd’hui lui versa dans les profondeurs le plus pâle rayon de sa clarté que, vers elle s’élevant de l’abîme, et peuplant les flots du pullulement de son effervescence, elle atteignit, par la lente montée, dans un candide face-à-face. Bientôt maintes espèces, sorties de toi, se nourrissaient les unes des autres dans un équilibre pareil à celui des vases communiquants : et l’amour, les saisons et les luttes régnaient sur l’empire cadencé des alternatives marines, bien avant que des hommes parussent sur le rivage et s’arrêtassent, émerveillés des croupes argentées qui blanchissaient les flots.