À l'envers du snobisme, je connais une hypocrisie plus plate, que l’on protège aimablement sans la nier comme telle. C’est celle de l’artiste qui feint d’aimer, par politique, ce que son âme jadis plus noble lui enseigna de haïr comme une honte. Les mondains trouvent pour cela des louanges : “On peut causer avec Un Tel ;il n’est pas trop intransigeant.”
Que ne dirait pas un peintre encore mal léché, un littérateur sans enfance, pour gagner leurs petits diplômes “ d’hommes bien élevés ” ?
Succès d’estime.... il en est de mille sortes. Au besoin, on se méprise pour cela.
La force du mensonge, et son ignominie, c’est qu’il est une arme prohibée, que l’on cache. Au milieu d’amis confiants il y a lâcheté à en user, comme c’en serait une de braquer à la dérobée un “ bull dog ” à six coups sur de paisibles gens qui ignorent le danger. C’est un abus que le mépris public frappe d’une amende légère si la balle n’a point fait de victime, — et le menteur subit la confiscation de son arme : désormais on ne le croit plus.
Dans un salon mondain le mensonge tire moins
