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ANTÉE

Et je n’oublierai pas la détresse enfuie
Pour un dernier adieu du geste de sa main
Et aussi bien, hélas ! sa forme évanouie
Au détour du chemin !


à Pierre Ginisty.

Ô mon ami, ta vie est comme tu désires
Belle, ondoyante et claire,
Et ta maîtresse est jeune, et calme le sourire
Dont son regard s’éclaire !

Tu es de ceux qui vont tranquilles et joyeux
Sans le regret que donne
À un cœur faible et doux, à un cœur langoureux
Le charme de l’Automne !

Tu peux te promener et sans être jamais
Fatigué de la course
Cueillir toutes les fleurs des jardins parfumés
Où murmurent des sources.

Mais moi, si le parfum de ces roses m’enivre
Je songe : Tout est vain !
Car ce léger bonheur dont ce soir je suis ivre,
Que sera-t-il demain !

Émile Henriot.