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STANCES.


 
Ô tristesse ! ma vie est elle déjà morte
Que ce léger bonheur que je m’étais formé
S’en va comme une fleur et que le vent emporte
Tout ce que j’ai aimé !

Parfums, charmes, douceurs, j’aurai joui de vous
Et mes heures passées auront été plus belles.
Mais mon bonheur hélas ! s’écroule sous tes coups
Destinée éternelle !

Les yeux de mon amie étaient tristes et beaux
Et son regard portait encloses des caresses.
Mais le lac garde-t-il le reflet des oiseaux
Qui volent et s’y pressent ?

— Ainsi je n’aurai plus au miroir de mon cœur
Ô maîtresse ! gardé l’image souriante
De ce qui fut ma vie et du calme bonheur
Dont le regret me hante.

Je pourrai oublier les plus belles des heures
Que nous avons coulées en ce passé joyeux
Mais je verrai toujours la tendresse qui pleure
Et triste de ses yeux.