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ANTÉE

D’autres fois, c’était à Fontaine-belle-eau ou dans la cathédrale de ta bonne ville du Mans. Mais c’était surtout à Anet que tu aimais vivre, dans le mouvement et le bruit des fêtes qu’y don­nait Madame Diane.

Là, le sinueux cours de l’Eure enchantait ton regard ; un vallon agréable invitait tes pas lents et le riant paysage, les longues prairies vertes, le bois sobre et clair, le doux ciel fin d’azur limpide, s’offraient à tes yeux éblouis et charmés. Un peu plus en élévation le château se montrait. Et il était ainsi qu’un grand bijou de pierre ! Les oiseaux dans de hautes volières, les carpes dans les viviers, les meutes dans les chenils, les fleurs dans les parterres disaient la richesse de ces sites d’Anet. Et le verger était lourd de fruits abondants ; au dessus du parc et des cours, des bouquetiers et de tous les assemblages de plantes se dressaient les tourelles.

Mais Madame Diane, surtout, à pied ou à l’amble, passant sous les arbres, suivie d’écuyers et de joueurs de cors, était, à elle seule et plus que toutes ces merveilles, l’enchantement et le bonheur des yeux.

Mon maître tu l’aimais, cette grande chasseresse. Tu trouvais, comme Brantôme, qu’elle avait un