Car l’hypocrite évidemment a honte de son hypocrisie. Impuissant il méprise son âme trop débile, que nul contact ne fait se redresser.
L’habitude de l’hypocrisie, c’est l’accoutumance à ne plus vouloir être : c’est se nier sans cesse. Monstrueux ascétisme de la pensée ! Il donne l’image inverse et symétrique de la conception du fakir et du moine.
Humilier l’esprit, ou humilier la chair ; les deux pratiques sont lamentables. Mais la première est sans doute plus ignoble, étant plus ennemie de la joie.
Hypocrisie d’un instant : elle peut être pour toi une sorte de devoir sacré. Tu dérobes à certains ta vérité vitale comme tu caches le nom de ta fiancée, si tu crains la parole grossière dont ils souilleraient son image.
Mais si tu le fais souvent, la clarté qui te guidait va pâlir. Tu l’assombris par l’ombre importune des hommes ; tu donnes trop de place en toi-même à ce qui n’est pas toi, et bientôt ton amour n’aura plus sa fierté.
