Page:Antée, revue mensuelle de littérature, 1906-06.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GERMAIN PILON
297

et aux joues fardées, puis, passant au milieu des bouffons et des meutes, avec l’équivoque grâce de leurs maigres mains, les jeunes favoris au pourpoint étroit...

Mon maître tu étais un habile orfèvre ; d’une pointe aiguë tu savais graver des médailles. Le roi te fit contrôleur de ses monnaies. Mais surtout tu étais sculpteur. Tu savais l’art sacré des Grecs immortels ; mais, de plus, ô Français, tu avais la secrète élégance de ta race, la finesse et le charme de ton pays et ce nous est encore, devant le parfait groupe de tes Grâces du Louvre qui supportent une urne, devant tes quatre femmes des tombeaux de Saint-Denis, un émerveillement...

Tu vivais simplement comme un bon catholique et tu allais à vêpres à Saint-Barthélemy. Il est vrai, ô mon maître ! Mais tu aimais les femmes, les secrets des beaux corps, leur galbe harmonieux et toute l’expression de leur forme douce et tiède vivant sous les robes. Mon maître, tu étais comme le potier ancien et la chair des déesses, à mesure que tu ciselais ton urne idéale, vivait sous tes doigts...

Tantôt c’était à Paris que tu aimais à dresser, sur les beaux mausolées, de grandes figures nues.