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GERMAIN PILON
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de nos dames françaises, leurs jambes de chasseresses, leurs doigts fuselés et ces petits seins ronds, parfaits et renflés, dont le battement rythmait tes travaux...

La vie que tu menas ne fut guère tapageuse. Tu n’aimais pas à faire éclat de ton génie. Tu te tenais à l’écart et coulais des jours exempts d’autres rêves que ceux de ton art. Ce que nous savons de toi nous l’avons demandé à tes œuvres qui sont nues et pures comme des femmes au bain.

Ta vie, je la devine, stricte et laborieuse, égale et nette comme une allée d’arbres d’un jardin de Touraine.

Tu n’étais pas fier, tu n’avais aucun dédain. Honorable homme Nicolas des Avenelles, Guil­laume Brumant, bourgeois, s’asseyaient parfois à ta table, sous le pampre de ton petit verger de la rue Saint-Jacques. Et parfois tu recevais, comme ton plus vieil ami, Richard Toutain, maistre orfèvre, demeurant au Sagittaire sur le pont-au-Change.

La rue où tu vivais étais une rue gourmande. La foule du menu peuple s’y pressait devant les rôtisseries et c’était ton plaisir de venir, à la fin de