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NOTES
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parc des poètes, en ce domaine de pensée, que la philosophie superlative traverse par la rue Auguste Comte... Dans ce jardin mental, le long de ces promenades spirituelles, dans ces massifs inspirateurs, sur ces parterres de rhétorique, il pousse autant de verdure que de littérature.

Parmi les matineux, à cette heure où l’esprit est net et filtré, des jeunes gens ineffablement convaincus viennent, en cet esseulement doré, lire de la poésie sous la verdure neuve “ qui vient de paraître. ”

Des passants ralentissent le pas pour déguster un peu de flânerie et de solitude amie. Un bonhomme, armé d’un crochet, enlève les papiers de la veille. L’arroseur met en fuite des oiseaux se moquant à plein gosier de l’agresseur hydraulicien. Les boutiquettes de ballons et de cerceaux sont closes, la clientèle des moutards n’étant pas encore débarbouillée... Plus tard, se tendront les cordes, s’animeront les billes, les raquettes et le crocket, et se démèneront les parties bruyantes et les joueries de la marmaille. Dès dix heures, il faudra céder devant l’invasion du tapage que président les nourrices : alors, les moineaux regrimpent dans leurs étages des hautes branches, — et les artistes filent.