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ANTÉE

au globe — qui est la prison. La totalité de l’effort vital — comme un hérissement autour de la planète — s’épuise en ascensions désespérées vers le zénith, où réside, apparemment, la beauté du rêve. Telle persiste la résolution de toutes les croissances, — jusqu’au moment où lamentables et exténuées, elles retombent vaincues... Mais, d’autres reprennent, aussitôt. Et sur les morts, et sur les ruines, des ardeurs nouvelles recommencent et s’arquent dans l ’espérance perpétuelle de s’affranchir du joug de la pesanteur.

Sans lassitude, toujours, partout, se soulève et s’érige, dans un acharnement d’instinct ou dans une séduction de songe, cette trajectoire verticale et libératrice. L’activité des sensations, l’éveil des curiosités, la rigidité des nerfs comme les tensions de l’esprit sont dessinés par cette obstination, — jusqu’à la mort : retombée dans l’inertie de la matière planétaire, le désastre inéluctable... n’importe. Vers les sommets d’idéal et de liberté se lèvent les fiertés et les dévotions vaines, — comme les spirales de l’encens se perdent dans l’adoration de la hauteur.

Partout, se perpétue — démence ou rédemp­tion — la dépense d’énergie vitale des êtres qui se bousculent, s’étouffent et se tuent pour monter