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NOTES.


LES GESTES VERS LE CIEL.


Toute croissance, toute manifestation de vigueur nouvelle dans la matière vivante, est une tentative de s’écarter du sol, — pour se hausser vers l’espace. La plante se roidit pour s’élever davantage. L’animal affirme sa vitalité tant qu’il grandit : la vieillesse le réduit et le ramène au sol. Partout la vie se dessine en jeu de lignes tendues vers la liberté des nues. Les êtres de tous règnes s’élancent éperdument vers les airs, avec des courbures d’arc, des inflexions de ressorts volontaires. La mobile forêt animale pousse et se déploie pour s’élever ; la sève des volontés qui active les muscles et les réseaux de nerfs jette tous les gestes vers le ciel : nos ardeurs et nos enthousiasmes suivent Siegfried escaladant le rocher vers la prometteuse Brunehilde endormie.

Le vouloir unanime est de s’éloigner de la terre, de se libérer du sol et de s’arracher à l’attraction centripède, cet enchaînement général