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JOURNAL DES REVUES
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dissement, lequel à son tour nuirait à la vraie unité, soit, ce que Wallons, Flamands, Lorrains, Gascons, Bretons, Normands, etc. etc. ont de commun, à savoir la qualité française (malgré tout) de leur langage ? (1)

C’est ce que nous ne nous lassons de répéter depuis dix ans. M. Orsoni ne paraît pas l’avoir compris, puisque l’argument, plutôt étrange dans cette application inattendue, qu’il invoque, c’est le “ régionalisme ”. Il ne se rend pas compte que les seuls ennemis du “ régio­nalisme ” sont précisément les belgeoisistes, qui veulent “ unifier ” à tout prix des éléments aussi radicalement différents que Flamands et Wallons. Ce parti de l’incohérence (pour qui du moins n’en connaîtrait pas les curieux dessous) est d’ailleurs également ennemi de toute “ unité ” réelle, positive, basée sur les faits, puisqu’il se refuse à considérer la Belgique comme une province (ou, pour parler exactement, comme deux provinces) de la France littéraire, méconnaissant ainsi les vivifiantes traditions de notre langage après avoir


(1) Pour les Flamands, toutefois, il faut distinguer entre Fla­mands de France (dont la langue maternelle est le français) et Flamands de Belgique, (dont la langue maternelle est le français dans la classe riche, et le flamand dans la classe pauvre).