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ANTÉE

m’approchai du fermier, M. Beaupain, pour le complimenter. — “ Ah ! oui, ” me dit-il, “ c’est une belle prairie. Et plate, ce qui est commode pour faucher et pour tout. Car voyez-vous, Monsieur, il n’y a rien de tel que la planeur. ”

Il dit, grave dans sa haute stature, convaincu, avec ce tour sentencieux et volontiers généralisateur des paysans, qui savent donner de l’importance aux choses. Et moi, citadin au vocabulaire perverti, je traduisis planeur par platitude, et je pensai à M. Rency.

Je pensai à la plie, je pensai à la sole, je pensai à la punaise, je pensai à M. Rency.

Et je bénissais la plie, je bénissais la sole, je bénissais la punaise, je bénissais M. Rency.

Car ne faut-il pas que toutes choses soient représentées dans la nature ? Et n’y a-t-il pas d’utiles platitudes ? Qui Μ. X. et Μ. Z. pour­raient-ils bien admirer, s’il n’y avait pas M. Rency ? Qui, sans M. Rency, pourrait persuader M. Y. ou M. Tartempion, lorsque l’un d’eux se compare, qu’il a quelque hauteur ?

Cependant on nous assure qu’il n’est pas indispensable que MM. X. et Z. puissent admirer