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FUNÉRAILLES À DIXMUDE
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Et l’on se pousse et les commères se chamaillent
Là-bas, sous un auvent de bois,
Et calculent, sur leurs vieux doigts,
Ce qu’ont coûté les funérailles.

Et morne et lourd le défilé
— Hommes devant, femmes derrière.
Curés massifs, échevins gros, parents râblés —
S’étale en blocs mouvants jusques au cimetière,
 
Où l’on dirait qu’ils transportent
Toute une montagne de deuil
À voir passer devant les portes
Le mort tuméfié dans son cercueil.

Émile Verhaeren.