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JOURNAL DES LIVRES
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contre, nous aurions beaucoup à dire contre ces maximes trop facilement reçues : “ Accepte les gens, sauf les traîtres à leur art : leur culte et leur foi. — L’idée de gloire est dissolvante. — La gloire est l’amante mauvaise qui favorise toutes les lâchetés. — Reste derrière ton œuvre : tu n’es plus que son ombre. ” Sur la dernière, je serais plutôt de l’avis de Maeterlinck, que le chef-d’œuvre n’est que l’ombre de l’homme.

JEUX DE PRINCE, roman, par M. Willy, Bibliothèque des Auteurs Modernes, Paris.

Lorsque M. Renan regrettait de n’avoir pas été un homme de plaisir, était-ce à M. Willy qu’il pen­sait ? — Oui, en quelque manière. Ce n’est pas que nous voulions faire de M. Willy un Salomon. Le désenchantement des grands voluptueux, l’hypocrisie qui, s’il faut en croire l’admirable maître qu’est M. Barrès, seule achève la perfection de leur figure, semblent absents de la légende du moderne calvus mœchus à qui nous devons de voir comblé l’un des vides laissés par la mort de Jules César. Tout au contraire, les qualités de M. Willy, nous les trouvons dans la logique, dans une certaine santé bourgeoise, et dans cette vertu française que le XVIIe siècle nommait d’un mot