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JOURNAL DES LIVRES
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Nous avons célébré la clarté, la tradition, le rôle humain de l’artiste. La vision directe de la vie a repris ses droits. Plus un seul poète ne croit aujourd’hui que l’art est fait principalement de transpositions, de transpositions de transpositions, et ainsi de suite à la nme puissance. Plus un seul artiste n’écrit avec l’obscurité qui sévissait encore en 1895 et qui rendit absolument illisibles les pages de la fin de la vie de tel maître glorieux. M. Saint-Georges de Bouhélier, dont l'ardent prophétisme et l’âme claire ne cessèrent jamais de nous donner les plus beaux exemples de noblesse, de certitude et de désintéressement, avait donc raison lorsqu’il disait à un interviewer que le symbolisme était par terre. Entendez : ce qu’il y avait de contingent dans le symbolisme. Tout le monde est naturiste aujourd’hui, même M. Henri de Régnier. (Bien plus, le naturisme a trop vaincu, puisqu’il a fini par donner lieu à une sorte de coppéisme de la nature et de la Vie avec un grand V, répandu chez une foule de jeunes poètes d’une atroce banalité.) Mais d’autre part tout le monde est symboliste et avec non moins de raison. Personne de nous ne saurait refuser son admiration à l’œuvre, enfin ramenée à ses éléments essentiels, du symbolisme. Ce qu’il nous a donné apparaît avec des nuances uniques dans