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ANTÉE

une congrégation de saints vagabonds allant féconder l’Humanité dans “ ses plus purs représentants féminins, ” pour nous servir d’une expression chère à ce sommet de génie et de naïveté que fut Auguste Comte. N’est-pas la même idée qui, s’il nous est permis de citer ici un de nos amis, inspire dans le roman de M. Bossi, les Erreurs, la méditation du Vagabond s’élevant, au sortir de la maison d’une chaste amante inconnue, sur “ la chère Sophia, ” l’Église idéale de demain ?

On put croire un instant que l’expression de tendances singulièrement opposées aux tabous modernes en matière de relations sexuelles allait faire le tour de l’Europe avec le Roi Caudaule de M. André Gide. Mais l’accueil réservé par le public viennois à la traduction du beau drame nouveau déjoua ces espérances.

Aujourd’hui M. Schlumberger nous donne un roman dont le héros, Cyrille, fils d’un usurier banqueroutier, et frère d’un personnage non moins fâcheux, croit nourrir pour son fils une assez parfaite indifférence. En réalité, éloigné de ce fils depuis plusieurs années par la vie coloniale, il craint de retrouver en lui de regrettables hérédités : le père lui-même n’a-t-il pas été dans son enfance un fort mauvais gamin ? Le voilà revenu près de