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ANTÉE

un moment où l’on vivait avec fougue, c’était un beau moment.

Depuis, ah ! que d’eau sous le pont, que d’oubli, et comme tout cela est mort. Mais l’on ne peut se rappeler ces jours sans se découvrir à nouveau une âme de partisan.

Je me rappelle le succès du livre de Barrès : un soir, en Touraine, Jules Lemaître, saisissant cet acte d’accusation contre les panamistes, lût à des électeurs le chapitre où se trouve relatée la fameuse séance du 21 novembre 1892, et sous cet organe perçant le populaire grondait comme autrefois dans les enceintes de la Convention. L’on ne sait pas assez à combien peu nous fûmes d’une révolution.

Mais ce livre, lorsqu’on le lisait, comme je le fis, en artiste et en homme d’action, froissait par un singulier mélange de réalité et de fiction : la trame d’un roman ne doit pas s’encombrer d’événement trop précis, et un livre d’histoire ne comporte pas des personnages de fantaisie. Leurs Figures était le mélange de deux ouvrages qui se gâtaient l’un l’autre.

Voici que M. Barrès nous donne tout ce qui dans Leurs Figures était seulement un récit historique. À relire ces pages, je leur ai trouvé plus de