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ANTÉE

qu’ils ignoraient. Les Soucis des derniers Soirs apportent la première contribution à cette œuvre ; c’est ce qui me permettait de déclarer plus haut que les événements récents leur confèrent une éloquence inattendue. — “ Le vieil idéal, écrit Dumont, qui durant des siècles fournit à l’Occident ses ferments et ses lois, craque de toutes parts et déjà se désagrège. Les grandes forces spirituelles dont il était formé : le christianisme, le sentiment chevaleresque, le respect des morts et le culte de la race, l’esprit corporatif et le sens de la hiérarchie, l’honneur même s’effritent au contact du mercantilisme et de l ’esprit critique. ” On ne saurait mieux dire. Mais c’est leur conflit, ma foi ! qui va être joliment intéressant. L’affaire Dreyfus a préparé les esprits : dans quelques années sans doute les masses comprendront-elles pourquoi elles ont combattu — et tout recommencera de plus belle. Du moins alors chacun saura-t-il où il va ! La lecture du livre de Dumont est de nature à fournir de quelques clartés ceux qui d’avance s’excitent à prendre part à la bagarre. C’est la revue avant la bataille : un peu superflue peut-être, au point de vue de Sirius, et s’il est vrai que Dieu ne reconnaît jamais que les siens ; mais il reste toujours de songer que pour beaucoup le livre de Dumont