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ANTÉE

LES SOUCIS DES DERNIERS SOIRS, par Louis Dumont-Wilden, Bruxelles, Belgique artistique et littéraire.

Je ne dirai point que l’issue du Procès Dreyfus apporte un intérêt nouveau au récent volume de Dumont-Wilden. Il apparaît toutefois que les convulsions finales de l’Affaire et la forme spéciale des discussions qu’elle suscite, soulignent singulièrement la signification morale des Soucis des derniers Soirs. Entendez bien que Dumont-Wilden n’a fait aucun emprunt au pittoresque de cette longue aventure, pas plus qu’il n’a pris position dans la question, mais les idées qu’il exprime, qu’est-ce qui lui a permis de les concevoir et de les animer, sinon l’énergique départ que le cas Dreyfus a opéré parmi les esprits. On s’est un peu étonné que l’arrêt de la Cour de Cassation n’eût en rien modifié les convictions acquises et qu’à l’heure actuelle, dreyfusards comme anti-dreyfusards continuent de coucher sur leurs positions. Voilà qui prouve une vue bien misérable du débat ! L’innocence de Dreyfus importe peu ; elle est en dehors du sujet. Elle n’a servi tout uniment qu’à amorcer la curiosité et la sentimentalité populaires. L’essentiel, et qui le fut dès la première heure, c’est que le conflit ait