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ANTÉE

— “ Alors, comme ça, vous laisseriez dire à M. de Gourmont toutes les bourdes possibles. ”

— “ Gourmont ne serait pas Gourmont s’il raisonnait à la manière d’Harduin ou de Bilboquet. Mais je me figure qu’il n’est pas vicaire de l’Église, et je lui permettrais facilement de se tromper quelquefois, c’est-à-dire de ne pas juger toutes choses comme je suis habitué à le faire. (Quoique, en somme, je me trouve rarement en désaccord avec lui, et encore c’est par une manie de raison raisonnante qui me jette en de somptueux délires où son amour de la réalité tangible ne pénétra jamais).

Seulement, encore une fois, je ne l’attaquerai jamais. Qu’est ce que ça peut me faire que Gour­ mont se soit bourré dans le numéro du 1er mai du Mercure de France. Remarquez que je voudrais avoir ce fascicule entre les mains : nous pourrions le relire, et peut-être que ça deviendrait un peu plus drôle. (Sacrée Lilly, avec sa manie de me chiper le Mercure pour se gargariser avec les Épilogues, et les compte-rendus de Rachilde.) Mais, en admettant que Fabrice ait raison, et que Gourmont ait tort, c’est encore Fabrice qui divague à déprécier ainsi un esprit aussi solide et d’une valeur si opportune en ces temps de malheur et de sottise égalitaire. ”