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DIEU À PARIS
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“Je viens de recevoir le numéro de juin d’Antée, dit-il . Excellente revue, Vandeputte débite les plus saines idées, Isi Collin écrit le poème de la sagesse, très bien ça : il est si facile d’être sot. Mais savez vous quel est ce M. Fabrice qui m’appelle un “ sympathique garçon ” ? Ça m’a fait plaisir : ce Fabrice est un bon zigue. Il est vrai qu’il trouve ensuite le moyen de se payer ma gueule ; seulement c’est avec esprit, et je ne résiste jamais aux gens qui en ont.

Il a bien fait de parler de Godefroy, qui n’est pas un adolescent fougueux, mais au contraire, à ce qu’il m’a semblé les quelques fois où je le vis, un homme d’environ trente ans, réfléchi, et vivant dans le calme des pensers les plus hauts.

Mais quelle est cette sacré nom de Dieu d’idée qui lui est venue de vouloir attaquer le père Gourmont. Je ne suis pas confit en admiration béate devant mes aînés ; au contraire, j’aurais quelque plaisir à les trucider, ne serait-ce que pour prendre leurs places. Seulement, il ne faut jamais s’en prendre aux gens qui représentent, en face de la sottise et du préjugé, cet esprit et cette raison grâce auxquels notre vie conserve encore quelque charme. C’est du temps et de l’énergie gaspillés au hasard que se battre contre des auxiliaires naturels.”