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DIEU À PARIS
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Oui, lorsque l’imposture
Du Dieu de la laideur sur terre cessera,

L’homme désespéré vers nous se tournera !
Guidé par son instinct et le chant des poètes
Il renouvellera nos rites et nos fêtes,
Nos temples sortiront plus beaux, plus éclatants,
De la poussière antique et de l’oubli des temps,
Et vous aurez encor, pour vos danses divines,
Muses, des bois sacrés et de vertes collines !....
J’ai lutté jusqu’au bout ! Mais je suis emporté
Par le cours du Destin ! Humains ! Votre mémoire
Conservera toujours et mon nom et ma gloire !
Apollon renaîtra sans cesse dans vos arts !
Car je suis le soleil, père de vos regards !


Mais surtout notre cœur, comme ces femmes qui ne trouvent leur force qu’abandonnées entre les bras d’un amant qui les presse, à ce moment où le Dieu vaincu lançait du sommet de la scène ses imprécations dernières, dans le vent qui sortait de sa bouche partait vers un pays plus beau :

Des cris et des sanglots montent de tous côtés !
Il nous faut faire place aux hommes attristés !
Leur règne passera, car rien n’est immuable !
Pleure et prie avec eux jusqu’au jour redoutable
Où vous verrez le sort de son grand geste obscur,
Chasser le Dieu Nouveau devant le Dieu Futur !