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DIEU À PARIS
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pénétrent sur la scène, affolés, et hurlant : “ Mort aux Dieux ! ” Et Léautaud : “ La Calotte, quoi. ”

En effet, ce Lazare me semble un peu forcené, qui excite ces plébéiens à déchirer les Muses.

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L’entr’acte s’écoule encore à des discours antisectaires, et je reçois tout le choc d’arguments qui ne sont pas stupides. Cela finirait par me piquer au vif, si Thomas ne s’avisait d’une distinction que je veux redire, tellement elle témoigne d’un esprit prompt aux prévisions et aux accomodements :

“ Remarquez, dit mon nouvel ami, que vous êtes Dieu, c’est-à-dire une chose sublime, mystérieuse, infinie, et que l’esprit de l’homme se représente avec difficulté.

En ce moment, avec votre belle barbe blanche et votre front tranquille, vous êtes à nos yeux semblable à Dieu le Père, tel que l’ont représenté dans les églises et dans les musées, les peintres de la renaissance italienne. Ou bien encore, sous ce tube et dans ce paletot noir qui est votre déguisement de ce jour vous n’êtes pas loin de soutenir quelque ressemblance avec M. Chauchard, qui est le premier homme de France sous le rapport de la magnificence extérieure, et une manière de M. Poirier arrivé aux honneurs (vous remarquerez