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DIEU À PARIS
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À la gare je découvre les desseins de Thomas, car il piaffe jusqu’au moment où débouche, très pressé, un petit corsage avec des paquets à la main.

“ Je suis en retard, dit le petit corsage, mais c’est vous qui l’avez voulu : vous m’avez dit de lire le Petit ami, je l’ai commencé en me réveillant, et je suis restée au lit pour le finir.

— “ Vous le voyez, remarque Thomas, je tâche à répandre les bons livres.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant le trajet le petit corsage et moi écoutons Thomas. Comme dit le petit corsage : “ Louis est un jeune homme qu’on écoute le plus souvent.

Arrivé au théâtre, le petit corsage disparait vers les endroits où l’on se transmute en personnage tragique : à ce moment je m’aperçois que je ne peux vivre sans femme, car ce départ me touche.

Nous déjeunons dans les coulisses qui sont une manière de cour, avec sur les murs des lierres et des vignes-vierges. Ce théâtre est d’ailleurs un très agréable lieu : il est formé par un terre-plein où sont des chaises varicolores, et une butte sur le flanc de laquelle s’étagent les divers plans de la scène. Et à l’entour ce sont des arbres, des char­milles, des couloirs de verdure, avec à de certains