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ANTÉE

sur le boulevard à dix heures du matin. Ce jeune homme est charmant, quoiqu’il se presse trop.

En cinq instants il me dit trois anecdotes, dont une de Chamfort, m’offre des bocks, me raconte ses projets, habille fort proprement quelques littérateurs et une actrice ; enfin il me ferait tourner la tête si je n’étais décidé à me comporter en homme.

“ Venez, dit-il, venez à Champigny, théâtre de la nature, plein-air, gazons, tragédie, eau de seltz. Il parait que ça sera très bien. ”

— “ Vous croyez. J ’ai toujours entendu dire que l’on ne faisait plus de belles œuvres dramatiques.”

— “ Je ne vous garantis pas que la pièce de Souchon vaille le Cid ou Athalie. Mais nous pour­rons regarder les petites filles, et quelques gendelettres notoires. Et puis, si nous trouvons qu’on se rase, nous irons canoter. ”

— “ Que votre volonté soit faite... Le titre de la pièce ?”

— “ Le Dieu Nouveau. Je ne sais pas ce que ça peut bien être. ”

— “ En tout cas, voici un sujet qui me touche de près : Ça doit-être socialiste, et je devine que l’on y parle de mon successeur. ”

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