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LUCIE, RUE SAUNIER
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est avocat, et je ne sais pas quoi dans un ministère des choses étrangères. C’est un type chic... J’en ai un autre qui vient une fois par semaine ; il m’aime bien celui-là : il dit qu’il voudrait que son com­merce marche bien pour me donner beaucoup d’argent.

“ Et puis, j’ai mon béguin ! André ! Il est beau garçon, tu sais... Il vient de la Martinique. Il est officier. Tu sais, tout en bleu, avec des galons ; doré, doré... J’en suis fière. Tu dis ? Sergent ? Peut-être ; tu sais : des galons sur tout le bras. Sergent-major ? C’est possible. Il m’a dit quoi, mais je ne me rappelle pas... Je l’ai rencontré sur le Boulevard. J’étais avec mon amie : “ Vous vous promenez, mesdames ? — Mais oui. — Voulez-vous nous permettre de vous offrir quelque chose ? — C’est pas de refus... ” On a dîné au Pousset. Et le soir, j’ai couché avec lui... Tout de suite, j’ai été pincée pour lui. Mais il me posait des lapins... Un jour on avait rendez-vous à neuf heures : je ne le vois pas. Je vais à Bullier, et je fais un michet, un michet d’un louis qui est parti à 3 heures du matin. Et l’autre arrive à 8 heures, tu comprends comme je l’ai reçu. Il m’a dit : “ Tu es mal lunée ce matin à ce qu’il parait ; alors au revoir. ” — “ Moi, je ne te dis pas : au revoir, mais