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LUCIE, RUE SAUNIER.


“ J’étais chez ma sœur qui était bien entretenue ; — mais tu comprends, j’étais à sa charge... il y avait un médecin qui venait chez elle, il m’a promis monts et merveilles ; il ne me plaisait pas, mais tu sais, pour ne plus dépendre de personne... je lui ai cédé. Seulement ça n’a pas duré longtemps. Et ça a fini d’une drôle de façon... Figure-toi, j’ai voulu qu’il m’endorme. Alors, quand j ’ai été endormie, il m’a fait parler. J’ai dit que je ne l’aimais pas, etc. Après, ça n’a plus marché...

“ Après j’ai été sage pendant un an.

“ Puis ç’a été l’Exposition ; j’ai été placée dans un établissement de champagne. J’étais bien : je couchais avec le patron ; l’autre employée couchait avec l’autre patron... Et puis je faisais des michets en dehors... Je comptais du champagne qu’on m’offrait et que je ne buvais pas : c’était autant pour moi. Je vendais aussi des bonbons ; aux étrangers des boites de 15 sous, je les vendais 25 et 30, ça dépendait des têtes. J’avais de l’argent... Ah ! j’ai tout de même eu du bon temps !... À