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ANTÉE


Les arbres sont couchés sous la rafale et crient !
Contre l’horizon noir fleuri de draps brûlants
Voila que des tambours exaltant nos furies
Nous mènent, démontés et dans le vent, hurlants.

Environnés d’un bruit d’ailes d’or et de cloches.
Nous tournons nos destins vers les néants amers.
Et les pressentiments qu’éveille notre approche
Se lèvent sur les monts et la plaine et les mers.

Mais qu’importe ! — Aiguisez vos couteaux, feux des trombes !
Sur moi, foudre ! Et tombez, tempêtes de cailloux !
Effleurant des rochers que les soleils surplombent,
Sans pâlir, déroulons les kilomètres fous !
 
Sans trembler ni frémir, risquant tous les vertiges,
Sous des crépitements de blancs grêlons glacés
Dévalons et passons de prestige en prestige,
Dussions-nous, tels des pots d’écarlates, casser !...

— Activons ! activons ! Seigneur ! — À nous sans trêve
Les près roses, le val et les landes d’ajoncs,
La colline où s’égoutte une aurore de rêve
Et la pente, et ce versant vert où nous plongeons...


SAINT GEORGES DE BOUHELIER.