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ANTÉE

rable… Partir ! Une fièvre nous possède. Nous nous armons pour l’expédition. Nous bourrons la valise de mouchoirs, de chaussettes, de chemises de nuit, de tabacs de toutes sortes, de livres que nous ne lirons pas. Prendrai-je mon pardessus ou mon imperméable ? La charge du parapluie rebute tous les courages… Les ressources sont maigres… qu’importe ! On rit. Nous ne ferons pas des repas de prince, dans les Palaces des Wagons-lits, nous voyagerons en troisième, qu’importe ! pourvu que nous roulions et que d’un rire de collégien nous saluions les paysages striés. Et achetons encore un chapeau mou sensationnel, allons en fiacre jusqu’à la gare, ébréchons notre capital, que nous importera la gêne quand nous serons partis : nous nous débrouillerons toujours ; que nous importera la pénurie au retour : après cette promenade, la fin du monde !

Louis, Ugène, Roger, cette jeune femme et moi même, nous sommes dans le wagon. Voici la carte d’Ecosse. Quel poëme ! Un chante God save the King. Tous le repren­nent en chœur. Le garde ! Les cinq com-