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ANTÉE

ou d’écrire. Ici est leur sujet, aujourd’hui les inspire. On commence à les lire.

On les lira certainement de plus en plus, j’entends les meilleurs d’entre eux, non seulement parce que les hommes commencent à savoir lire, mais surtout parce qu’ils se rapprochent des sujets qui intéressent les hommes. Est-il vrai que le public demande des histoires de passion fade ou exagérée, des aventures des temps passés, des romances bêlantes, comme en pondent ceux qui règnent sur l’Académie, la Centième Édition, ou la revue Femina ? Non. S’il y a des pervertis, ceux qui viennent, ceux qui ont de quinze à trente-cinq ans sont plus pratiques, ont davantage de bon sens. Il faut, pour qu’ils l’écoutent, que l’écrivain réponde à leur question (bien entendu avec beauté pour qu’ils l’écoutent plutôt que leur voisin) et que comme eux il soit humain et quotidien. Chacun — la vie est si vaste et qui s’aventure aussitôt s’égare ! — chacun situe sa vie à un endroit précis, au centre d’un cercle nettement tracé, parmi ceux de sa profession, de ses amours ou de ses haines. Pourquoi l’écrivain n’entrerait-il pas dans ce cercle ? On peut tirer chef d’œuvre de n’importe quelle matière. Et maintes œuvres admirables — les plus solides, les plus durables